mercredi 25 mai 2016

L'interview de Suzanne Max



Bonjour à tous ! C’est avec plaisir que je vais me prêter à ce petit exercice !
J’écris depuis toujours… Mais au début c’était surtout pour moi : des pensées, des poèmes, des journaux intimes, des premiers romans d’adolescence, plus tard des nouvelles, un conte, et même un roman policier jamais publié ! Il a pu m’arriver occasionnellement de faire lire des écrits à une amie ou à ma sœur… Mais il a fallu bien plus longtemps pour que je commence à envisager une publication. C’était un pas difficile à franchir. Je l’ai franchi grâce à mon ami Alain Benoist (dessinateur) qui, connaissant mon goût pour l’écriture, m’a proposé de raconter les aventures du personnage qu’il avait en tête : Liann, le petit faune. C’est ainsi, en 2014, que j’ai commencé le premier opus, "La fugue de Liann", paru en 2015.
Difficile à dire ! En lecture ça dépend vraiment des périodes : romans d’aventures, policiers et thrillers, romans intimistes, plus rarement science-fiction, romans contemporains, également une grande attirance pour la littérature de jeunesse que j’ai beaucoup côtoyée au cours de ma carrière d’enseignante en école primaire… En écriture, j’ai donc commencé par le roman d’aventures jeunesse.
D’abord une phase de réflexion : mon esprit est envahi par mon projet, mes personnages, des images, des scènes… J’écris beaucoup sur papier des idées, des mots qui me viennent. C’est assez foisonnant. Des obstacles surgissent, qui sont autant de déclencheurs de créativité car il faut les surmonter. Puis je mets tout ça en ordre : j’imagine le scénario général et les points de vue du narrateur, comme une sorte de découpage en scènes. Je souhaite que chaque scène ait vraiment son intérêt pour l’histoire, que tout soit utile et participe à la progression du récit et à la tension dramatique. Pour le jeune public, j’essaie de favoriser l’aspect visuel de la scène, des chapitres très courts, du rythme et des rebondissements. Enfin, la phase d’écriture peut commencer !
À la troisième personne, sans hésitation. Pour moi la première personne est difficile à manier. J’ai toujours un peu peur de perdre de vue mon personnage, d’oublier la distance nécessaire et de glisser vers des écrits personnels. Écrire, c’est avancer masqué, et le masque reste mieux en place quand je n’use pas de la première personne !
J’admire des qualités d’écriture, et je pense à certains écrivains qui les illustrent parfaitement, mais on pourrait en trouver plein d’autres. Je dirais : - le don de savoir manier la langue chez Céline ou chez Balzac ; - l’intelligence et la complexité maîtrisée d’un scénario dans le cycle de "Fondation" d’Isaac Asimov ; - le rythme du récit et les rebondissements chez les auteurs du XIXème siècle comme Paul Féval et Ponson du Terrail ; - l’art du romanesque chez Emily Brontë ou Daphné Du Maurier ; - l’art de mêler les genres chez Fred Vargas ; - le talent de conteur de Paul Auster ou de Ken Follet ; -enfin, l’art de faire partager tout un registre d’émotions, comme dans "Mon bel oranger" de José Mauro de Vasconcelos, magnifique et bouleversant.

Rendre crédible un personnage, c’est d’abord le connaître intimement : quelle est son histoire ? qu’est-ce qui le meut ? quels sont ses espoirs et ses regrets, ses forces et ses faiblesses ? sa façon de s’exprimer ? son caractère ? ses défauts et ses qualités ? ses blessures secrètes ? Même si tout cela n’est pas dit au lecteur, j’ai besoin de le travailler pour nourrir chaque personnage de l’intérieur et l’aider à prendre son envol. Il se met alors à vivre, il nous surprend, il nous échappe… mais reste crédible ! J’ajoute que ce travail est plus approfondi dans les romans adultes, et reste plus simple dans les romans pour enfants.
Au début, j’écrivais pour moi, ça ne fait aucun doute. Mais lorsque j’en suis venue à penser "publication" les choses ont évolué. J’ai trouvé dans l’écriture "Jeunesse" le moyen de concilier mon besoin d’écrire avec mon plaisir de transmettre. Une fois ce pas franchi, je m’aperçois qu’écrire désormais n’a plus la même fonction : peut-être ai-je enfin atteint une certaine maturité qui me permet d’écrire non plus pour moi mais pour mon lecteur, pour lui apporter du plaisir et lui faire partager des émotions. Je l’ai ressenti très fort avec les aventures de Liann, et je sais que mon projet de roman pour adulte a ce même objectif.
Oui… Les avis positifs permettent de prendre confiance en soi et de susciter de nouveaux projets, de nouvelles envies. Les critiques constructives avant publication pointent certaines choses que l’on ressent confusément sans bien les cerner, et c’est une aide à la réécriture. Quant aux avis plus mitigés, je sais que c’est difficile à gérer, mais cela nous aide à rester humbles !
Pas au début. J’attends que le projet ait pris forme. Mais quand le premier jet est écrit, là oui, comme je viens de le dire c’est très utile d’avoir un ou deux lecteurs extérieurs.
Tant que je suis dans la phase de recherche, non. Je prends le temps de faire mûrir le projet, je prends des notes, je laisse aller mon imaginaire, je suis à l’affût de tout ce qui me traverse l’esprit. Quand je commence la phase d’écriture, j’ai besoin d’être immergée dans l’univers du livre et d’avoir une certaine discipline : je me lève très tôt, je consacre le plus de temps possible à l’écriture. Mais pour autant, je n’ai pas vraiment de date butoir.
Pour la phase de recherche j’ai toujours carnet et stylo sur moi, y compris dans mes balades en forêt pour noter tout ce qui me vient à l’esprit, au moment où ça surgit. Mais pour la phase d’écriture proprement dite, c’est dans mon bureau : une pièce paisible, calme et chaleureuse ; Un bloc de papier, un stylo ; Mon ordinateur ; Des dictionnaires ; Pas de musique, pas de mouvement autour, solitude et presque austérité ! Parfois j’ai des envies de me retirer dans un gîte perdu en montagne ou dans un monastère : écrire et seulement écrire !

Je réfléchis sur papier : J’écris des idées, des notes, des mots qui me plaisent par leur sonorité, des bouts de scènes, des images…Je griffonne, je fais des flèches, des ratures… Mais ce n’est pas tellement pour le relire après, c’est juste parce que ça m’aide à penser.
Quand je me sens prête, j’écris sur PC. Je relis souvent, surtout à haute voix car je suis sensible au rythme et aux sonorités. Je corrige directement sur écran. J’imprime à la fin pour relire de façon plus approfondie et traquer les derniers détails.
J’ai envoyé le manuscrit de "La fugue de Liann" à une douzaine de maisons d’édition jeunesse connues, mais les réponses ont été négatives. J’ai donc choisi une maison d’édition dite "alternative", Edilivre, et le manuscrit a été retenu. Il a été publié à compte d’éditeur, mais avec une impression "à la demande" ce qui signifie qu’il était très difficile de le promouvoir ! Par la suite, pour "Liann et la forêt menacée", j’ai cherché un éditeur dont je me sentais proche au niveau des valeurs, pas forcément spécialisé en littérature jeunesse. Et j’ai reçu très rapidement une réponse positive de l’éditrice de la maison Ex Aequo, qui a beaucoup aimé le livre. J’ai apprécié d’avoir avec elle un contact direct et agréable, ainsi que des réponses précises à toutes mes questions.
Je viens de terminer le troisième roman pour enfants, "Liann et le bâton de pluie", qu’Alain Benoist illustre actuellement, Mais mon projet actuel, c’est surtout un roman adulte que j’ai commencé et que j’espère pouvoir avancer d’ici la fin de cette année, peut-être pour une parution en 2017 !
Merci aux lecteurs de ce blog d’avoir fait ce petit bout de chemin avec moi. J’espère que cela leur donnera envie d’aller faire un tour sur mon site et dans l’univers de mes livres ! Et merci Virginie de m’avoir donné l’occasion de parler de mon expérience d’auteure. À très bientôt !

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