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mercredi 9 mai 2018

Interview 🎤 Marc Lasnier

Interview réalisée le 25 janv. 2018
Bonjour et merci d’accepter de répondre à ces quelques questions


Je suis un incorrigible touche-à-tout. Peinture, photographie, et bien sûr écriture rythment ma vie de « retraité hyperactif »…
Mes parents me destinaient à une à carrière d’ingénieur dans l’entreprise familiale. J’ai suivi cette voie une dizaine d’années, tout en déposant en parallèle plusieurs brevets d’inventions. Mais ma passion de l’image a pris le dessus : j’ai créé une société de production dans l’audiovisuel, qui m’a permis de visiter une quarantaine de pays.
En 1987, un premier voyage en Thaïlande, et c’est le choc ! Pourtant, il me faudra attendre pas loin de trente ans pour prendre la décision de tout quitter, et poser enfin mes valises à Phuket…

Avant d’être édité(e), comment imaginiez-vous votre vie d’auteur(e) ?
Je ne l’imaginais pas, tout simplement…
Dans cette vie d’auteur(e), qu’est-ce que vous préférez ?
J’apprécie particulièrement les échanges avec les lecteurs, lire leurs commentaires. Il est arrivé plusieurs fois que certains fassent le voyage jusqu’à Phuket pour découvrir les lieux où se déroule Phrom Thep, mon premier roman. Les rencontrer et participer à leur découverte est toujours un plaisir.
Et que trouvez-vous le plus difficile ?
La boule au ventre avant les séances de dédicaces ! Je n’aime pas sortir de l’ombre, et les premières minutes sont à chaque fois assez pénibles, même si au fil du temps cela s’atténue un peu… Pour le lancement de mon roman à Rawaï, plus de cent personnes s’étaient déplacées, parfois de très loin. Trente-sept livres dédicacés en moins de deux heures, un gros stress, mais au final, un très bon souvenir.
Quand avez-vous pris la décision d’écrire votre première histoire ?
Phrom Thep est issu d’évènements réels : lorsque j’ai rencontré en Thaïlande celle qui allait devenir mon épouse, elle venait de subir une violente agression. J’ai noté ce qu’elle m’a confié sur son passé dans de petits carnets, que j’ai remis au médecin qui l’a soignée en France. « Ça pourrait faire un bon roman », m’a affirmé la psychologue. L’idée était lancée…
Être édité(e), rêve ultime ou aboutissement ?
Je suis autoédité. Je n’ai pas inondé les maisons d’éditions avec mon manuscrit, n’ignorant pas la faible probabilité qu’il soit lu. Dans un premier temps, j’ai mis en ligne le roman sur Amazon, pensant ne toucher que la sphère familiale et amicale. Mais, avec plus d’une centaine de ventes en une semaine, il fallait bien se rendre à l’évidence, Phrom Thep avait touché d’autres lecteurs. Après quatre mois de parution, j’ai lancé une campagne de crowdfunding sur internet pour permettre une impression papier, ici, en Thaïlande. Aujourd’hui, le roman est distribué à la librairie Carnets d’Asie de Bangkok, à la librairie du Consulat de Phuket, et par quelques hôtels de l’île. En France, le livre est en stock chez www.diffusia.fr.
Parler d’aboutissement signifierait que l’aventure est terminée, mais avec plus de 2000 exemplaires vendus en une année, je pense qu’au contraire, elle ne fait que débuter… Deux maisons d’édition sérieuses m’ont contacté depuis, mais pour l’instant je n’ai pas encore pris de décision.
Comment voyez-vous votre avenir d’auteur(e) ?
Je suis réaliste, même si l’écriture est une activité passionnante, il est difficile d’en vivre. Je profite au mieux de cette aventure formidable sans trop en espérer.
As-tu des rituels avant de te mettre à écrire et pour favoriser ta concentration ?
Je m’isole et j’écoute un morceau de musique en rapport avec l’ambiance que je veux donner au chapitre à écrire.
Tu es plutôt première ou troisième personne ?
Troisième personne, probablement parce que je déteste me mettre en avant.
Comment crées-tu tes personnages ? Les laisses-tu s’imposer à toi ou les crées-tu en détail avant de commencer à les faire vivre dans ton histoire ?
Je m’inspire presque toujours de personnes existantes. Mon imagination est débordante, mais, comme pour l’intrigue elle-même, j’ai besoin de partir de quelque chose de concret, de documenté, comme base pour construire.
Comment gères-tu les avis (négatifs ou positifs) ? Mais surtout, les utilises-tu pour améliorer ton histoire ?
S’il s’agit de l’avis de mes bêta-lecteurs, j’en tiens compte pour apporter des améliorations. Après parution, un avis de lecteur, même négatif, s’il est étayé et formulé sans agressivité, me servira probablement pour un prochain sujet.
Niveau écriture, tu es plutôt écriture au feeling ou alors planning d’écriture ?
Feeling à 100 % ! Je peux très bien ne rien écrire plusieurs jours de suite, puis me jeter sur le clavier si une idée me vient, et travailler mon texte quinze heures de suite. Maintenant, vous savez pourquoi ma femme pense que je suis cinglé…
Tu es plutôt écriture sur ordinateur ou écriture papier/stylo ?
Parfois j’utilise un carnet pour prendre des notes quand je suis en déplacement, mais le vrai travail s’effectue toujours sur mon Imac.
Si tu peux nous en parler, sur quel projet travailles-tu en ce moment ?
Une suite de Phrom Thep est en cours. Les personnages principaux reprennent du service, pour une parution prévue fin 2018.
Premier souvenir d’enfance ?
On garde rarement des souvenirs avant l’âge de trois ans. Pourtant, j’en avais deux quand j’ai tiré la barbe de mon arrière-grand-père, un colosse de quatre-vingt-cinq ans qui distribuait des coups de fourchette sur les doigts des enfants quand ils parlaient à table. Première « rébellion bambine » contre l’autorité…
Première qualité ?
Je suis curieux de tout. Mes parents affirmaient que c’était un impardonnable défaut et me considéraient comme « professionnellement instable », ayant tour à tour été technicien de labo, métreur, directeur commercial, photographe, gérant (et j’en passe…). Mais comme disait Desproges : l’ouverture d’esprit n’est pas une fracture du crâne !
Premier conseil aux apprentis auteurs ?
La patience. Peaufinez votre travail et ne vous précipitez pas.
Premiers fans ?
Evelyne, l’ancienne comptable de mon entreprise. Tellement enthousiaste après avoir lu Phrom Thep qu’elle a orchestré la levée de fond sur ulule.com qui a permis l’impression du roman.
Première dédicace ?
Au Ton Maï Spa de Rawaï, mon village. Un grand moment, où beaucoup d’expatriés étaient présents.
Premier livre ?
Oui, mais surement pas le dernier !
Dernier livre lu ?
Congo Requiem, de Jean-Christophe Grangé. La suite de Lontano. Passionnant, surtout quand on connait un peu l’Afrique et que l’on apprécie un auteur qui sait surprendre.
Dernière chanson écoutée ?
Mon Vieux, de Ferrat. Curieusement, malgré nos dissensions passées, mon père me manque.
Dernier coup de gueule ?
Certains aigris de la Thaïlande n’ont pas apprécié que j’offre mes droits d’auteur pour une petite Thaïlandaise handicapée. J’ai reçu quelques messages rageurs sur Facebook et ces contacts sont immédiatement passés à la trappe !
Dernier achat livresque ?
Ce n’est pas vraiment un achat, puisque Malencontre, de Nicolas Kempf, m’a été offert par l’auteur, que j’apprécie beaucoup. Ce sera ma prochaine lecture !
Dernier compliment reçu ?
Un couple en vacances à Rawaï, qui a lu et apprécié Phrom Thep, a tenu à m’inviter à diner. C’est un geste étonnant qui m’a touché et qui a pour moi valeur de compliment.
Dernier fou rire ?
Je n’ai pas souvenir d’avoir eu un fou rire depuis des années, mais j’avoue que ceux des Thaïlandais lorsque je tente de parler leur langue vaut le détour !
Un animal ?
Un pou. Pour bénéficier à ma mort d’une épitaphe de bonne coupe : « sa vie ne tenait qu’à un cheveu. »
Une chanson ?
Les vieux amants de Jacques Brel. Tellement vrai.
Une ville ?
Venise. J’aimerai y emmener mon épouse, un jour…
Un pays ?
La Thaïlande, bien sûr : c’est mon pays d’adoption, et je m’y sens si bien…
Une saison ?
Si je vivais en Europe, je dirai l’automne, pour la beauté de la lumière et les couleurs.
Une devise ?
Fluctuat nec mergitur. Utile pour la saison des pluies !
Une odeur ?
Le chocolat. Mon « adjoint d’écriture ».
Une couleur ?
Le bleu du ciel.
Une fleur ?
L’orchidée, évidemment !
Une date ?
Celle de l’anniversaire de ma femme, mais chut, l’année est un secret !
Échoué(e) sur une île déserte, je voudrais avoir ?
Mon épouse et une bibliothèque. Dans cet ordre.

One shot préféré (livre en 1 seul tome) ? Pourquoi ?
Je n’ai pas vraiment de « préféré ». Ou alors il y aurait beaucoup de « classiques » à citer.
Saga préférée ? Pourquoi ?
Cela va sembler étrange, mais je n’ai jamais lu de saga…
Héros livresque préféré ? Pourquoi ?
J’aime bien le personnage de Robert Langdon créé par Dan Brown, pour sa curiosité intellectuelle et sa persévérance. Par contre, j’ai trouvé Inferno très en dessous des précédents opus.
Héroïne livresque préférée ? Pourquoi ?
Antigone, même si c’est plus une héroïne de Théâtre. Il s’en dégage une force incroyable.
Couple livresque préféré ? Pourquoi ?
Wannapa et Alain, mais pour savoir pourquoi, il va falloir lire Phrom Thep ! 😊
Auteur(e) préféré(e) ? Pourquoi ?
Pas vraiment de préféré, mais dans les classiques, je dirai Pagnol et Hugo. Verne, aussi, parce qu’il m’a fait rêver toute mon enfance.
Combien de livres dans votre bibliothèque ?
Même si je n’ai pas vraiment compté, ma bibliothèque a beaucoup maigri depuis son déménagement en Thaïlande. Je n’ai conservé qu’un millier d’ouvrages environ.
Une vie sans livre, c’est…
…chiant !
Donnez-moi vos 7 mots préférés et expliquez votre choix
1. Poumpouille : ça veut dire grassouillet en thaï.
2. Manao : c’est le nom du citron ici.
3. Trentaouane : c’est le tournesol qui pousse aussi en Thaïlande.
4. Ting Tong : c’est ce que l’on dit ici des doux dingues. C’est aussi le surnom donné par ma femme.
5. Attasao : les habitants du pays du sourire ont adapté à leur façon le mot ultrason.
6. Mak Mak : pour dire beaucoup.
7. Nik Noï : pour dire un peu, mais en matière de cuisine thaïe, je suis plutôt mak mak que nik noï !
Livre papier et/ou numérique ? (lecture)
Papier. Toucher et odeur irremplaçables.
Cahier et/ou ordinateur ? (écriture)
Imac et Macbook, c’est selon…
Musique ou pas ? (lecture)
Rarement, si le bouquin est bon, c’est suffisant.
Musique ou pas ? (écriture)
Toujours !
Thé ou café ?
Ni l’un ni l’autre, je déteste.
Matin, après-midi, soir ou nuit ? (lecture)
Autrefois tout le temps, maintenant uniquement en soirée, mes journées sont trop remplies.
Matin, après-midi, soir ou nuit ? (écriture)
C’est variable, mais je suis plus productif de nuit.
Bibliothèque, librairie, bouquiniste, brocante ou grande surface ? (achats livresques)
Autrefois, librairie, bouquiniste et brocantes, mais depuis que j’ai quitté la France c’est plus compliqué, ici les librairies proposant des ouvrages en Français sont très rares…
Le dernier mot est pour toi…
Merci de m’avoir donné la parole. Sans les réseaux sociaux et surtout les blogueurs, les indépendants n’auraient aucune vitrine. Rendez-vous en fin d’année pour Maha Buha, la suite de Phom Thep !

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